Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Veille règlementaire : réponse ministérielle (commentée) du 22 mars 2011 sur le transfert partiel du PCVD & la règlementation sur les lotissements

Le transfert partiel d’un permis de construire valant division est possible si « les permis issus de la scission du permis initial sont légaux et auraient pu être délivrés de manière autonome » et à la condition, en outre, que cette cession de « permis de construire distincts » n’aboutisse pas, notamment, à contourner la règlementation sur les lotissements.

 

Texte de la question (Question publiée au JO le : 25/05/2010 page : 5679)
« M. Michel Vauzelle attire l'attention de M. le secrétaire d'État chargé du logement et de l'urbanisme sur les conditions de transfert partiel d'un permis de construire valant division parcellaire. Ce transfert partiel valant division à une pluralité de titulaires est admis par la règlementation depuis que le nouvel article R431-24 du code de l'urbanisme a supprimé l'exigence de l'unicité de maître d'ouvrage posée par l'ancien article R. 421-7-1. Les praticiens de l'urbanisme et notamment les notaires s'interrogent sur la possibilité de céder à chaque bénéficiaire du transfert partiel, l'assiette de la construction qui en est l'objet. En effet, en vertu de l'article R442-1,c du code de l'urbanisme les divisions résultant de ces cessions ne sont pas constitutives d'un lotissement dès lors qu'elles sont effectuées conformément au permis valant division, c'est-à-dire au plan de division approuvé par les autorités administratives. Cette opération revient à céder des terrains à bâtir en vue de l'implantation d'un bâtiment en franchise du respect de la règlementation des lotissements. L'acquéreur étant muni d'un permis de construire attendu par l'effet d'un transfert partiel ou conjoint. Certains considèrent que le recours à cette technique de vente de terrains sous couvert d'un permis de division doit être écarté lorsque le permis valant division porte sur la construction de maisons individuelles. Selon eux, l'article R442-1,d relatif aux divisions primaires, par le jeu d'une contre exception, maintient dans le champ du lotissement la division d'un terrain au profit d'un acquéreur qui a déjà obtenu son permis de construire, portant sur une maison individuelle. Ainsi, accorder un transfert partiel de permis valant division portant sur la construction d'une maison individuelle avec cession des lots à différents acquéreurs reviendrait à contourner la règlementation sur les lotissements. Il lui demande donc de bien vouloir préciser si le transfert partiel d'un permis valant division portant sur la construction d'une maison individuelle avec cession de lots aux divers acquéreurs contourne effectivement la règlementation des lotissements ou si cette procédure est possible et licite. Il l'interroge pour savoir si un propriétaire initial d'un terrain qui le divise, peut le faire au profit d'une pluralité d'acquéreurs de lots qu'ils construiront. »

Texte de la réponse (Réponse publiée au JO le : 22/03/2011 page : 2878)
« L'article R. 431-24 du code de l'urbanisme permet de réaliser des opérations immobilières d'ensemble, y compris des maisons individuelles dites groupées, dans le cadre d'un seul permis de construire. Ce permis de construire, dit permis de construire valant division, autorise, d'une part, la construction de plusieurs bâtiments sur un même terrain, d'autre part, la division de ce terrain selon le plan de division annexé à la demande. L'article R. 442-1 c exclut clairement du champ d'application de la procédure du lotissement les divisions effectuées, conformément à ce permis. Par ailleurs, les dispositions de l'article R. 431-24 ne s'opposent pas à ce que la division foncière intervienne avant tout commencement de construction, dès lors que les permis issus de la scission du permis initial sont légaux et auraient pu être délivrés de manière autonome. Toutefois, une telle division ne saurait ni remettre en cause le projet d'ensemble, ni permettre de contourner une autre réglementation. Ainsi, elle ne saurait conduire à céder des permis de construire distincts qui n'assureraient plus l'organisation initiale de l'ensemble du projet (accès, réseaux, espaces et équipements communs) de même, sauf à relever de la procédure du lotissement, elle ne saurait intervenir que dans les limites du champ d'application de l'article R. 442-1 d, c'est-à-dire dans la mesure où les droits à construire cédés préalablement à la division portent uniquement sur « un groupe de bâtiments ou un immeuble autre qu'une maison d'habitation individuelle». En effet, toute cession de droits à construire une maison individuelle, emportant cession de l'assiette de la construction à édifier, entre dans le champ d'application des lotissements et ne peut donc être autorisée dans le cadre d'une scission de permis de construire valant division. Les acquéreurs de lots à bâtir une maison individuelle ne sauraient être privés des garanties assorties à la procédure des lotissements : bornage, garantie d'achèvement des travaux de voirie et espaces communs, maintien des règles d'urbanisme pendant cinq ans. Enfin, chaque fois qu'un propriétaire divise un terrain au profit d'une pluralité d'acquéreurs de lots qui édifieront chacun une maison individuelle, il doit effectivement engager une procédure de lotissement au sens de l'article L. 442-1 préalablement à la vente des lots ou à leur attribution en jouissance ».


Voici une réponse ministérielle qui a tout le moins marque un sérieux infléchissement de la doctrine administrative sur le transfert partiel, en l’occurrence du permis de construire valant division, pour qui un tel transfert abouti(sai)t en substance à la formation d’une autorisation conjointe mais individualisant les responsabilités de ses « co-titulaires ».

On l’a déjà écrit, l’analyse selon laquelle un transfert partiel aboutit à une telle autorisation conjointe se marie mal, d’une façon générale, avec le caractère réel et non pas personnel des autorisations d’urbanisme ; ce dont il résulte que :

- cette autorisation se borne à autoriser un projet et non pas une personne déterminée à l’exécuter (CAA. Marseille, 23 novembre 2006, M. X., req. n°04MA00264 ; TA. Nice, 13 mai 1997, SCL LE Pavillon, req. n°93-03645) ;

- plus spécifiquement, chacun des « co-titulaires » d’un permis de construire conjoint doit présenter un « titre habilitant à construire » sur l’ensemble de l’assiette foncière de ce permis puisque chacun est réputé être autorisé à exécuter la totalité du projet ;

- et par voie de conséquence que le permis de construire peut n’être annulé qu’en tant qu’il a été délivré à celui ne disposant pas d’un tel titre (CE. 14 octobre 2009, Cne de Messange, req. n°297.727) puisqu’au regard de l’objet d’un permis de construire et de son caractère réel, cette annulation partielle n’a aucune conséquence réelle pour le « titulaire titré » puisque si ce dernier s’en retrouve seul bénéficiaire d’une autorisation rendue unipersonnelle, il reste qu’il était déjà regardé à l’origine comme autorisé à réaliser l’ensemble du projet.

Plus spécifiquement, cette analyse ne permet pas d’expliquer la condition s’imposant à la pratique du transfert partiel.

Il faut en effet rappeler que dans l’arrêté ayant consacré la pratique du transfert partiel (CE. 24 juillet 1987, Epx Rayrole, req. n° 61.164) le Conseil d’Etat a en effet posé une condition de fond : le permis initial doit porter sur des constructions distinctes ; cette condition ayant amené la Cour administrative d’appel de Marseille a jugé qu’un permis de construire portant sur un ouvrage qualifié d’ensemble immobilier unique ne saurait légalement faire l’objet d’un transfert partiel (CAA. Marseille, 18 mars 2004, Cne de Beausoleil, req. n° 01MA00551) ; décision conforme à l’arrêt « Rayrol » conditionnant donc la pratique du transfert partiel au cas où les « constructions (sont) distinctes ».

Or, si l’on considère que le transfert partiel aboutit à une autorisation restant conjointe, un ensemble immobilier unique ne pourrait donc pas relever d’une telle autorisation. Il reste que la consécration du permis de construire conjoint (CE. 28 juillet 1999, SA d’HLM « Le nouveau logis – Centre Limousin », req. n° 182.167) s’est faite à l’égard d’un ensemble immobilier unique, constitué en l’occurrence de deux ouvrages accolés à édifier sur un parc de stationnement souterrain commun.

Pour valider cette analyse, il faudrait donc dénier au transfert partiel les vertus d’une autorisation initialement conjointe ; ce qui n’a toutefois pas de sens si l’on considère que le transfert partiel ne consiste fondamentalement qu’à ajouter un ou plusieurs noms à la liste du ou des titulaires de l’autorisation initiale restant conjointe.

Certes, on pourrait considérer que cette limite au transfert partiel tient à l’individualisation des responsabilités qu’il emporte pour les co-titulaires dans le cadre de l’exécution de l’autorisation restant conjointe. Il reste qu’une autorisation d’urbanisme a pour seul objet d’autoriser un projet au regard des normes lui étant opposables : sa légalité est donc étrangère à toute considération liée à son exécution. On peut d’ailleurs relever que dans l’arrêt « Beausoleil » la Cour a écarté l’argument tenant au fait que le bénéficiaire du transfert s’était « engagé à respecter les normes techniques permettant leur exécution ».

A l’inverse, si l’on considère que le transfert partiel aboutit à scinder le permis initial en deux autorisations distinctes, la règle de principe maintenue par l’arrêt « Ville de Grenoble » (CE. 17 juillet 2009, Ville de Grenoble, req. n°301.615) peut expliquer non seulement l’arrêt « Beausoleil » mais également la raison pour laquelle l’arrêt « Rayrol » conditionne le transfert partiel au cas où les « constructions (sont) distinctes » : un permis de construire portant sur des constructions indissociables formant un ensemble immobilier unique ne peut donner lieu à un transfert partiel puisqu’un tel transfert aboutirait à faire relever la réalisation de cet ensemble de deux autorisations distinctes en méconnaissance de la règle de principe rappelée par l’arrêt précité.

La réponse ministérielle commentée traite de cette question et va en ce sens en ce qu’elle précise que : « les dispositions de l'article R. 431-24 ne s'opposent pas à ce que la division foncière intervienne avant tout commencement de construction, dès lors que les permis issus de la scission du permis initial sont légaux et auraient pu être délivrés de manière autonome ».

Dans la mesure où un transfert partiel aboutit en une « scission du permis initial », « les permis issus de (cette) scission » doivent être légaux au regard cette condition, de la même façon que si dès l’origine le projet avait relevé de demandes de permis distincts.

Partant, c’est en conséquence qu’il faut apprécier les effets de cette scission au regard de la règlementation sur les lotissements. Sur ce point, en effet, la réponse ministérielle commentée :

- rappelle d’abord que « l'article R. 442-1 c exclut clairement du champ d'application de la procédure du lotissement les divisions effectuées, conformément à ce permis » ;

- précise ensuite que si « les dispositions de l'article R. 431-24 ne s'opposent pas à ce que la division foncière intervienne avant tout commencement de construction, dès lors que les permis issus de la scission du permis initial sont légaux et auraient pu être délivrés de manière autonome » il n’en demeure pas moins que « toutefois une telle division ne saurait ni remettre en cause le projet d'ensemble, ni permettre de contourner une autre réglementation » ;

- puis oppose enfin en conséquence à la cession de « permis de construire distincts » « les limites du champ d'application de l'article R. 442-1 d ».

En substance, « la division foncière » résultant « de la scission du permis initial » et de la cession de « permis de construire distincts » est donc une division nouvelle ou du moins une division qui n’est plus rattachable au permis d’origine puisqu’il faut alors en apprécier le régime au regard de la règlementation sur les lotissements non plus en considération de l’item c) de l’article R.442-2 mais au regard de son item d).

Ainsi, « sauf à relever de la procédure de lotissement », un transfert partiel se rapportant à une maison individuelle ne peut « être autorisée dans le cadre d'une scission de permis de construire valant division » puisque les bénéficiaires de tels transferts ne peuvent pas être regardés comme des « personnes (…) qui ont elles-mêmes obtenu un permis de construire portant sur la création d'un groupe de bâtiments » ; ce qui est en revanche le cas des co-titulaires d’une autorisation conjointe…

 


Patrick E. DURAND
Docteur en droit – Avocat au barreau de Paris
Cabinet FRÊCHE & Associés
 

Commentaires

  • sachant donc que l'on peut ajouter des titulaires au PC, il suffirait finalement, avant transfert partiel, d'ajouter les noms des candidats-titulaires à ceux des titulaires initiaux du PC initial pour pouvoir ensuite le diviser, le scinder à l'occasion d'un transfert partiel...

    on est clairement là aux confins -visiblement peu déterminés- d'un article mal rédigé initialement et qu'il conviendrait de modifier d'urgence pour éviter les dérives que l'on constate et que la doctrine administrative semble maintenant condamner sans aucune certitude d'être suivie par le juge.

  • Je pense que la problématique est la même dans le cas d'un transfert partiel intervenant sur une autorisation initialement ou précédemment rendue conjointe. A cet égard, je partage le sens de cette réponse compte tenu des effets que je prête pour ma part au transfert partiel.

    En revanche, la seconde partie de cette réponse m'interroge dans la mesure où elle pourrait tout autant valoir pour un PCVD conjoint obtenu par les futurs propriétaires des bâtiments à construire à ce titre du fait de l'emploi du terme plus général de "cession de droits à construire une maison individuelle"

    Or, sur ce point, la solution m'apparait nettement évident comme je l'expose dans la fiche n°16 du 50 Q/R sur le PCVD

  • Bonsoir chers Maîtres,
    Simple citoyenne, je viens chercher une réponse auprès de vous. Mon mari et moi-même avons été co-demandeurs d'une autorisation d'urbanisme (demandeur principal= promotteur) qui a été acceptée le 24.12.10. Il a été déposé une demande de transfert partiel de pc compte tenu du pc initial qui concernait la "construction de 4 maisons acollées", et que nous devrions acheter 1 seule de ces maisons. Aujourd'hui, après 1000 déboires (projet bien modeste mais qui a déjà 1 an), ce promotteur nous met cette fameuse réponse ministèrielle "sous le nez" et nous dit qu'il n'y aura pas de transfert possible et donc pas de signature, info ou intox? J'essaie de comprendre cet arrêté tel qu'il est répété plus haut, mais je dois avouer ma faiblesse et vous demander de l'aide en le rapportant à mon projet. Si je l'interprète correctement, dans la mesure où nous étions co-demandeurs du PC, il n'y a pas de raison qu'on nous refuse le transfert partiel. Est-ce exact svp? Merci 1000 fois à celui qui prendra le temps de me répondre. Je ne sais pas à qui m'adresser pour avoir des infos exactes car celles de mon promotteur ne sont hélas pas de confiance.Bonne soirée

  • Bonjour,

    Vous ne parlez pas de l'obtention d'un PVD sur le lot d'un lotissement issu d'une déclaration préalable (sans permis d'aménager). Est il possible d'obtenir ce type de permis sachant que le PVD en question prévoit une servitude pour accéder au deuxième terrain issu de la division grace au PVD demandé.

  • bonjour Maître,
    j'ai construit une maison sur un terrain pentu, il y a une fosse septique et un épandage.
    lorsqu'il pleut, l'eau dévale les pentes pour stagner en contrebas sur la servitude de futurs voisins.
    qu'elle est ma responsabilté pour cette eau ? est-ce à moi de faire une canalisation, sachant que je subis également le même sort pour les logements construits en haut du terrain, où j'ai ma servitude ?
    je vous remercie pour la réponse

  • euh...
    ce blog n'est pas un forum...

  • Bonjour,

    Nous sommes propriétaire d'un terrain de 1000m2 nous avons voulu vendre 500m2 de notre terrain nous avons donc déposé un PCVD ce permis a été accépté nous avons déjà signé le comprimis de vente avec les nouveau acquereur et 4h avant la signature de l'acte définitif notre notaire ne veux plus nous faire ce fameux permis à cause de la nouvelle jurisprudence et aujourd'hui aucun autre notaire ne veux reprendre notre dossier en cour.
    que pouvons nous faire
    merci

  • 1/ ce blog n'est pas un forum
    2/ il n'y a pas de nouvelle jurisprudence, juste une RepMin
    3/ il vous reste à pleurer ou à trouver un notaire plus joueur que l'actuel.

  • C est fou le pouvoir d' une réponse min!
    Le 12 mars restera une date .......qui aura marque!

  • Mais non Emmanuel, il y a une vraie solution : faire un vrai lotissement ! "de droit" et pas "de fait"...

  • et donc demander une réinstruction du PC puisque l'UF ne colle plus... en priant pour que d'une part les règles n'aient pas changé et, d'autre part, que les règles permettent l'érection des deux constructions sur deux UF distinctes...ce qui n'est pas gagné (COS, distance, etc...)

  • Bonjour,

    Aujourd'hui je suis allée voir un TAB qui va être diviser en deux lot 1 et lot 2.
    Le promoteur m'a indiqué un PCV va être déposé au nom des futurs acquéreurs des deux lots.
    Il m'a indiqué ensuite que la division de la propriété se fera après la signature de l'acte authentique.
    Je fais un prêt un PPD et une HC vont être prises comme garantie.
    Pour pouvoir prendre cette inscription il va donc falloir à la banque un numéro de parcelle déterminée.
    Le notaire m'indique qu'il n'y a aucun problème, et que la division de la propriété se fera après la signature de l'acte de vente par un acte de partage.
    Cette solution ne me parait pas très "légale".
    Que devons nous faire? ou que faut il fait svp?
    En vous remerciant par avance.
    Cordialement.
    Mr et Mme DELMAS

  • Emmanuel avait-il raison ?
    3/ il vous reste à pleurer ou à trouver un notaire plus joueur que l'actuel.
    °)))))

Les commentaires sont fermés.